Le prix (99$) constitue le changement le plus important de cette nouvelle mouture, avec pour la première fois un produit Apple qui ne générera pas une marge conséquente (40%) à l'achat. En effet le prix des composants de la nouvelle Apple TV peut être estimé autour de 80$ à 90$ en se basant sur le prix des composants de l'iPad.
Ce qui signifie qu'Apple adopte une approche similaire à celle des opérateurs de réseaux de télévision, en offrant (tout est relatif) les décodeurs pour mieux se rémunérer sur le contenu, en s'adressant directement aux fournisseurs de programmes d'Hollywood, et les applications, ce qui explique peut être qu'aucun SDK n'ait encore été annoncé, Apple se réservant la primauté des applications à forte valeur ajoutée.
Les opérateurs de réseaux pourront toujours répliquer en s'adossant à Google avec sa Google TV et la VàD Youtube pour leurs nouveaux décodeurs, confortés par le changement de politique du géant du web concernant la neutralité du net.
Mais qui sont les grands perdants de ces annonces ? Les chaînes de TV traditionnelles qui ne possèdent pas ou peu de contenu propre et vont devoir rapidement remettre en cause leur modèle traditionnel de programmation et diffusion.
Jusqu'à présent, et malgré les évolutions technologiques (Satellite, TNT, IPTV ...), elles ont réussi à préserver le statut quo sur leur rôle dans la diffusion des programmes : le même flux pour tous, plus quelques fonctions périphériques (replay, vidéo à la demande, site internet, application mobile) pour les "early adopters". Mais le business reste le même, vendre de la publicité diffusée en en masse ou des abonnements généralistes.
Même en France, pays leader en termes d'équipements IPTV, l'offre proposée reste assez basique. La fameuse "TV interactive" se limite à un portail de VOD, des émissions en replay et quelques services basiques.
Ce ne sont pas les premières TV connectées lancées sur le marché et leurs "widgets" qui ont convaincu les chaînes d'investir dans de nouveaux concepts; elles se sont plutôt attachées à combattre la "pollution" de "leur" flux.
Pourtant aujourd'hui le véritable risque est de perdre leur place dans la chaîne de valeur audiovisuelle, au profit non pas de simples portails de vidéo à la demande mais d'une nouvelle famille d'applications adaptées aux nouvelles "smart TV", appellons-les "applivisions".
A la différence des premiers widgets TV, ces applications permettront de recréer et étendre l'expérience télévisuelle en piochant dans le catalogue de contenus à la demande, TV de rattrapage, contenus personnels stockés dans le réseau domestique ou sur les réseaux sociaux, pour créer de véritables "chaînes de télévision personnelle". La programmation ne sera plus définie au sein de grandes tours d'ivoire, suite à d'âpres négociations de droits, puis imposée à tous, mais dynamiquement gérée en fonction des goûts, des relations sociales ou de l'emploi du temps des téléspectateurs. Avec à la clé pour les éditeurs une panoplie de modèles économiques, depuis la publicité ciblée à l'abonnement et au paiement à l'acte.
La clé du succès de ces "applivisions" sera bien sûr qu'elles restent "canapé compatibles ", et ne nécessitent pas ou peu d'interactions pour fonctionner. Après tout, il est difficile de vendre du "temps de cerveau disponible" lorsque l'utilisateur doit sans cesse pianoter sur sa télécommande pour choisir un nouveau programme...
[Mise à jour du 06 Octobre: Il semble que le prix de fabrication de l'Apple TV soit évalué à 64 dollars laissant une marge respectable de 35%, supérieure à celle de l'ancienne version. Ce qui sous entend qu'Apple continuera à se rémunérer principalement sur le matériel avec ce produit, en attendant de générer des revenus suffisants sur le contenu et les applications ?]
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