HBB TV: les éditeurs de contenus passent à l'offensive

La semaine dernière a eu lieu à Cap Digital, pôle de compétitivité basé à Paris et dédié aux contenus numériques, une réunion sur le thème "Future TV". Au cours de cette réunion différents projets coopératifs ont été présentés dont le projet "Open HBB". 
Ce projet propose une adaptation du standard européen HBB (pour Hybrid Broadcast Broadband ou diffusion hybride par télédiffusion et haut débit).



Il s'agit de superposer aux contenus diffusés via le réseau hertzien ou satellitaire des données informatiques qui pourront être reçues par tous les télévisions ou décodeurs compatibles afin d'offrir des fonctionnalités interactives. La nouveauté par rapport aux approches actuelles est que les programmes HBB utiliseront des formats de type internet (html etc.) et pourront être couplés à des contenus stockés sur le web, si l'abonné dispose d'un accès internet. Cela permettra de faire le lien entre contenus diffusés en "broadcast" (reçus par une antenne) et en "broadband" (téléchargés depuis une connexion internet haut débit). On pourrait par exemple imaginer recevoir des informations standards en "broadcast" (un guide interactif sur le programme diffusé actuellement) et les associer à des services internet (ex: un chat avec les utilisateurs qui visionnent le même programme), le tout incrusté directement dans l'émission diffusée. L'autre avantage est que ces contenus seront accessibles même aux personnes sans connexion internet (pour la partie diffusée en "broadcast"). 


Pour les éditeurs de contenus l'utilisation d'un standard garantira que le même contenu pourra être joué de la même façon quel que soit le réseau et l'équipement utilisé. Les principaux supporters du projet sont les fournisseurs de contenus (France Télévisions, TF1), les diffuseurs (TDF, Astra) et les fabricants (LG, Sony, Philips). Pour les fournisseurs l'enjeu, selon les termes d'un représentant de France Télévision, est de "contrôler l'expérience utilisateur de nos spectateurs", c'est à dire empêcher que d'autres acteurs viennent incruster des informations au dessus de leurs programmes.


Mais cette initiative est aujourd'hui boudée par les opérateurs télécoms, qui ne sont pas membres du forum HBB TV ni du projet français "Open HBB". Cela est d'autant plus étonnant que l'initiative HBB est soutenue par de nombreux acteurs du paysage audiovisuel français, et alors que la France reste aujourd'hui le leader mondial de la TV sur IP et que la plupart des "box" intègrent des tuners TNT. On pourrait imaginer qu'une fois le standard HBB adopté les opérateurs français mettent à jour leurs décodeurs et permettent un accès immédiat aux nouveaux programmes interactifs à plus de 8 millions de foyers équipés de box.


Mais les opérateurs ne l'entendent pas de cette oreille et préfèrent définir leurs propres formats propriétaires de télévision interactive et s'adresser directement aux chaînes pour la création des programmes compatibles. Un moyen de différencier leurs offres aussi bien vers les annonceurs que les spectateurs. Sans leur coopération les éditeurs de contenu et les diffuseurs devront attendre que le parc de téléviseurs et décodeurs compatibles se développe, avec le risque que la composante "broadband" soit difficile à mettre en place sans l'aide des opérateurs.


Mais avec leur approche verticale les opérateurs télécoms prennent également le risque que la télévision interactive subisse le même sort que l'internet mobile, freiné pendant des années par les "walled garden" (plateformes fermées) des opérateurs jusqu'à l'arrivée de nouveaux acteurs du web comme Google et Apple. Et ceux ci fourbissent déjà leurs armes ...