Au cours de l'atelier Objets Communicants de THD a été présenté la chaîne de télévision Zoond éditée par la société française Fairplay Interactive. Elle représente sans doute ce qui se fait de mieux en matière de Télévision Interactive avec les équipements IPTV actuels.
Le principe est simple : une chaîne de télévision musicale qui s'adapte aux goûts du spectateur, un hybride entre une radio internet (Pandora ou last.fm) et Youtube. Le spectateur regarde des clips musicaux et peut à tout moment zapper (passer au clip suivant en restant dans la même chaîne), noter un clip, le partager avec ses amis sur Facebook ou Twitter, définir sa "playliste"musicale en fonction de ses goûts ou de ses humeurs. Le tout en conservant le format d'une chaîne de télévision traditionnelle : on peut rester un "simple" spectateur passif.
Les publicités elle même sont personnalisées en fonction des goûts de l'utilisateur, et il est possible de commander directement des contenus multimédia après avoir visionné une publicité.
Cette chaîne constitue une sorte de vitrine pour la société Fairplay qui propose aux chaînes de télévision existantes de créer une version personnalisée de leurs programmes ; plusieurs chaînes semblent prêtes à sauter le pas dans le domaine des programmes musicaux et jeunesse.
Pris indépendamment aucune des fonctions de la plateforme ne représente une innovation en soi, mais l'ensemble constitue une approche innovante qui a le grand avantage de pouvoir être déployée presque immédiatement sur le parc de décodeurs IPTV. La démonstration présentée fonctionnait sur un décodeur Freebox standard et n'avait rien à envier à la démonstration de Google TV au Google I/O la semaine dernière (y compris au niveau des problèmes de connectivité).
Le problème du déploiement de cette solution n'est pas tant technique que politique. Les décodeurs actuels peuvent facilement êtres mis à jour pour ajouter le support de tels programmes. Les contraintes en terme de bande passante (la diffusion est de type Unicast, le flux vidéo est unique pour chaque spectateur qui pose des problèmes notamment au moment des pics de trafic) seront progressivement résolus au fil des investissements dans le "backbone".
Mais l'obstacle principal au déploiement de cette solution et de ses concurrentes, outre celle de l'adhésion des chaînes, reste le manque de coopération des opérateurs IPTV. Ceux ci ont leur propre stratégie concernant les contenus interactifs, et voient d'un mauvais oeil l'arrivée de services multi-opérateurs. Pourtant une telle plateforme représente une opportunité idéale pour prendre de l'avance sur le terrain de la TV interactive avant l'arrivée massive des postes de télévision connectés équipés ou non de "Google TV", qui risquent de consacrer ce que les opérateurs appellent les acteurs "Over the top". Et d'éviter un scénario proche de celui de l'internet mobile, où ceux qui ont construits les réseaux et les premiers services internet se sont fait doubler par les nouveaux entrants, Apple et Google en tête.
La solution de Fairplay interactive exploite au mieux les atouts des opérateurs; un serveur centralisé génère le flux audiovisuel personalisé et le diffuse sur chaque décodeur en utilisant la liaison internet réservée à la vidéo fourni par l'opérateur. Google TV représente une alternative à cette approche, où l'intelligence se situe au niveau du récepteur qui génère le programme en utilisant les contenus distants et locaux. Les deux approches ont leurs avantages et inconvénients, mais le principal argument de Fairplay est la disponibilité immédiate aux quelques 8 millions d'abonnés IPTV en France. A condition que les éditeurs de contenus et les diffuseurs se mettent d'accord avant que ne débarquent en masse les premiers équipements compatibles. A suivre!
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