Comme prévu Google a annoncé aujourd'hui la sortie de Google TV, son initiative pour s'attaquer au marché de la télévision interactive, et surtout de la publicité télévisée (comme précisé dès le début de la conférence, un marché de 40 milliards de dollars aux Etats Unis).
L'occasion de présenter cette nouvelle plateforme aux développeurs présents à la conférence Google I/O. L'utilisation d'Android comme système d'exploitation permet à Google d'assurer la "compatibilité ascendante" avec les applications pour mobiles Android, comme Apple garantit aux développeurs iPhone la compatibilité avec l'iPad. Même si bien sûr comme pour l'iPad les développeurs sont encouragés à adapter leurs applications aux nouveaux formats d'affichage et de traitement. En effet les appareils compatibles disposeront de capacités de traitement multimédia largement supérieures à celles des derniers "ordiphones" grâce à l'utilisation de processeurs Intel, qui permettra une expérience multimédia proche de celle d'un ordinateur ou d'une console.
Après quelques allusions aux iProduits des ex-meilleurs amis de Google, la société a présenté la fameuse plateforme. A retenir:
- L'explication assez réaliste à l'échec des initiatives de la TV interactive ou de la web TV depuis 20 ans : une approche similaire à celle de l'internet mobile d'avant iPhone ("le WAP" et l'approche fermée "walled garden").
- Les innovations principales : recherche, personnalisation, navigation et bien sûr publicité (même si Google reste très évasif à ce sujet, comme d'habitude avec sa source principale de revenus). A noter la suppression presque complète de la frontière entre flux vidéos multi-diffusés, vidéos sur le web, et vidéo à la demande. Grand bénéficiaire: Youtube qui va enfin pouvoir concurrencer les chaînes traditionnelles sur leur propre terrain.
- L'implémentation de protocoles IP type UPnP / DLNA sur IP permettant aux appareils de communiquer entre eux et avec d'autres terminaux(dont les mobiles bien sûr) et qui ouvre la voie à de nombreuses applications dans la domotique.
- La gamme d'appareils au lancement développés par Sony (TV, décodeurs Blu-Ray) et Logitech (Hybride télécommande universelle et décodeur), le tout motorisé par des processeurs Intel.
- Le soutien de Dish Network / Echostar (diffuseur satellite américain, qui il y a quelques années avait "sauvé" Archos de la faillite) et de Best Buy pour la distribution.
- Le lancement des premiers appareils à Noël 2010 aux Etats Unis uniquement, et l'ouverture aux développeurs d'applications début 2011.
Au final les grands absents de cette annonce sont les chaînes de télévision, qui risquent le plus si cette plateforme se développe. En effet, elles se trouveront "noyées" au milieu des contenus provenant du web, alors qu'aujourd'hui encore elles jouissent d'une audience captive (le fameux temps de cerveau disponible). De plus le contrôle total de l'expérience utilisateur par Google risque de les rendre aussi dépendants que les éditeurs de sites web (jusqu'à l'arrivée de Facebook du moins).
A elles de jouer de leur influence auprès des diffuseurs pour freiner l'arrivée de cette plateforme dans leurs décodeurs. A l'heure actuelle l'équipe de lancement de la Google TV est encore assez limitée : Sony (en perte de vitesse dans l'électronique grand public), Intel (grand perdant de la téléphonie mobile) et Logitech (leader des périphériques d'ordinateur, un marché stagnant). Où sont les grands cablo-opérateurs et fournisseurs d'accès internet haut débit? Google aura du mal à compter sur une adoption directe par les utilisateurs, vue la fréquence de renouvellement des téléviseurs (qui n'a rien de comparable avec la téléphonie mobile, où la durée de vie d'un appareil est de moins de 18 mois en moyenne). Sans compter que le prix des équipements compatibles "Google TV" est à ce jour inconnu.
Toutefois les chaînes ne peuvent plus compter sur le fait que la télévision rest un média passif, où l'interactivité "à la web" est mal adaptée. Comme le prouve le succès de la vidéo à la demande et de la télévision de rattrapage (par exemple en France), les téléspectateurs changent lentement leurs habitudes et les jours de la "zappette" sont comptés.
En tout cas il y aura sûrement un "avant" et un "après" Google TV et on peut s'attendre à une réaction en chaîne de la part des Apple, Microsoft et des fournisseurs d'infrastructure de diffusion. A suivre...
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